Pendant les guerres de religions

 

De la tolérance aux premières répressions

Après la guerre de 100 ans, et après de nombreux combats entre Anglais et Français – si souvent en Normandie et en Nord-Cotentin – les Normands retrouvent la paix en la fin du Moyen-Âge et entrent en période de prospérité. Tous ? Non. La prospérité profite surtout aux bourgeois des villes (tisserands, imprimeurs…), aux plus importants propriétaires terriens, aux affréteurs de bateaux pour la pêche de la morue, aux corsaires et pirates, etc… Avec les affaires et le commerce maritime prenant les voies de l’Angleterre et d’Anvers, des fortunes se bâtissent, des manoirs couvrent le Cotentin et les idées de la Réforme protestante progressent dans les milieux aisés, grâce à un contexte de tolérance.
Il est vrai que l’Eglise catholique est en difficulté. Initialement martyrisée sous l’empire Romain dont elle devient fonction publique d’Etat, elle subit le joug des rois et suzerains d’Europe jusqu’à la seconde moitié du 11ème siècle où les papes commencent à essayer de l’en affranchir. Les croisades apaisent temporairement le conflit et la théocratie se met progressivement en place au 13ème siècle, le siècle de la Chrétienté. Mais le pouvoir papal est bien vite bousculé par Philippe Le Bel qui initie les bases de la monarchie. A partir du 14ème siècle, l’Eglise repasse sous le pouvoir séculier qui distribue les biens de l’Eglise aux « bons sujets » à récompenser. De grandes familles italiennes mettent la main sur la Papauté. La commende s’installe à la tête d’évêchés et d’abbayes dont les évêques et abbés non-résidents (parfois laïcs) se chargent surtout de percevoir les bénéfices de leur « charge ». Pendant ce temps, les mœurs se relâchent dans le clergé séculier et régulier et, en 1520, Luther dénonce la Babylone qui est à Rome.
Depuis près d’un siècle, face à une Eglise se dénaturant et à un pouvoir monarchique d’origine divine s’affirmant peu à peu, le monde évolue avec les grandes découvertes de nouveaux continents et de nouvelles formes d’humanité jusqu’alors insoupçonnées. Avec la Renaissance, les arts se développent, la connaissance progresse et se diffuse, de nouveaux idéaux se font jour et prendront force dans la philosophie des Lumières. En attendant, le protestantisme qui favorise l’individu et sa conscience par rapport à la communauté et à sa tradition, fait recette chez les bourgeois instruits et dans la petite noblesse en quête de davantage de libertés. Les huguenots sont donc tolérés malgré des rappels à la « bonne théologie » par une Rome lointaine et discréditée.

D’ailleurs, en ce début de 16ème siècle, la tolérance envers les protestants est d’abord un des rares traits communs entre l’empereur Charles Quint et le roi de France François 1er. Et ce, jusqu’en octobre 1534 et l’affaire des placards qui démontre que des protestants ont osé rentrer dans le château et même dans la chambre du roi pendant son sommeil, afin de le défier. Cet acte insensé provoque le changement radical d’attitude de François 1er. En 1538, la situation est désormais inversée : Charles Quint et François 1er s’unissent temporairement contre le « danger protestant ».
Mais l’actualité est ailleurs : en 1539, les édits de Villers-Cotterêts instituent d’abord le Français – la langue d’Île de France – comme langue officielle sur tout le territoire royal, ce à quoi s’oppose le Parlement de Normandie, farouchement resté dans l'esprit de la Charte aux Normands de 1315. Les obligations épiscopales de tenir des registres paroissiaux pour les baptêmes, mariages et inhumations, deviennent une obligation légale. Mécontent, le parlement de Normandie reporte plusieurs fois l’enregistrement du texte royal, qui doit attendre le 16 juin 1540, avec l’oubli de 16 clauses et avec des réserves. Par mesure de rétorsion, en septembre, le roi annule plusieurs décrets du Parlement de Normandie et le fait temporairement interdire par Lettre du 16 décembre 1540… avant d’accorder sa réouverture le 7 janvier 1541.
La guerre reprend de 1542 à 1544 contre Charles Quint, juste avant la destruction de villages vaudois en Lubéron et la mort de François 1er le 31 mars 1547. Entre temps 5 papes réunissent le Concile de Trente, de 1542 à 1563, afin de réformer profondément l’Eglise.

Les paradoxes d’Henri II

A la mort du roi, son fils Henri II lui succède le jour même, avant d’être couronné le 26 juillet à Reims. Dernier roi chevalier et promoteur des arts, engagé dans la structuration de l’Etat et de son gouvernement, son règne est paradoxalement marqué par de nouvelles guerres, par l’interdiction au clergé français de participer au Concile de Trente, et par son excommunication.
En septembre 1557, il réchappe d’une tentative d’assassinat par un homme promptement exécuté, sans procès ni interrogatoire, laissant croire qu’il a agi pour le compte du parti protestant. Sous l’influence de sa maitresse Diane de Poitiers, le 2 juin 1559 Henri II signe l’édit d’Ecouen durcissant la répression contre les huguenots. Tout révolté ou fuyard doit être exécuté. Les opposants au roi doivent être emprisonnés, voire exécutés. Cet édit est critiqué par nombre de parlementaires acquis aux idées de la réforme protestante, mais qui doivent se soumettre sous la menace.
Le roi ne verra pas la mise en œuvre de cet édit car le 30 juin 1559 – bravant la prophétie de Nostradamus – il s’engage dans une joute contre le comte Gabriel 1er de Montgomery, seigneur de Ducey et de Logres, le capitaine de sa garde écossaise. Celui-ci le blesse accidentellement d’un éclat de lance dans l’œil, il en meurt le 10 juillet après avoir donné son pardon à son malheureux adversaire.

Pendant son règne, les protestants se sont développés sans opposition en Cotentin. Leurs ministres du culte se déplacent librement et sont même accueillis dans les châteaux de grandes familles cotentines (Aux-Epaules de Sainte-Marie-du-Mont, Pierrepont de Saint-Marcouf-de-l’Isle). Des églises protestantes sont fondées au Chesfresne en 1553, à Gavray en 1555.
Un consistoire est créé à Saint-Lô en 1555. Mais, sur la fin du règne d’Henri II, dans le contexte évoqué ci-avant, en avril 1558 et en juin 1559, il avait chargé Gabriel 1er de Montgomery, seigneur de Ducey et de Logres, capitaine de sa garde écossaise, de réprimer l’hérésie à Saint-Lô. Passée la mort du roi accidentellement causée par ce même de Montgomery (qui s’exile à Jersey, en Angleterre, en Italie, puis à Venise), les habitudes reprennent : en 1561 l’église Notre Dame de Saint-Lô est encore partagée entre catholiques et protestants « de manière que les uns avaient leurs heures pour leurs services et les autres pour le prêche ».
Pendant cette période de calme, 19 cimetières protestants ont été créés dans la seule vicomté de Valognes ! En Val de Saire, les huguenots se sont implantés à l’est vers 1558, et c’est sans tracasserie qu’ils tiennent réunion et exercent leur culte jusqu’en 1560, lorsque la dame de Montfarville – Jacqueline de Crux – veut récupérer le lieu jusqu’alors publiquement mis à leur disposition. L’édit d’Ecouen et la peur clanique commencent donc à modifier les pratiques et les comportements.

Des tentatives de pacification

Le 21 septembre 1559, le jeune François II est couronné roi à Reims et succède à son père Henri II. Fragile, il est conseillé et guidé par la famille de Guise qui s’attire l’impopularité car elle a confisqué les principales charges. Dès février 1560, la rumeur affirme qu’un complot huguenot est en cours, visant à investir le palais et à tuer les Guise. Pour calmer la situation, par l’édit du 8 mars, le jeune roi décide une amnistie envers les protestants. Mais les conjurés huguenots dirigent quand même leurs troupes contre la cour à Amboise.
Le 15 mars, les premiers responsables sont arrêtés et les troupes sont progressivement faites prisonnières. Le roi maintient sa démarche de clémence et renvoie les prisonniers chez eux. Or, dès le 17 mars, des rebelles protestants prennent d’assaut une partie de la ville d’Amboise avant d’être mis en déroute et de subir une répression. Leur chef, Louis de Bourbon et prince de Condé, d'une branche cadette des Valois, en réchappe et fuit.
En mai 1560, l’édit de Romorantin introduit ce que sera la liberté de conscience. C’est une nouvelle marque de clémence et de conciliation engagée par le roi de France. Pendant l’été, des démarches sont engagées pour restaurer la paix avec les protestants. Mais les 4 et 5 septembre, leurs troupes tentent d’investir Lyon, soutenues par les princes de Condé et de Navarre ayant maintenu leur projet de révolte. Le roi doit faire rétablir l’ordre par son armée, avant de mourir le 5 décembre.

Le 5 mai 1561, Charles IX est couronné roi de France à Reims. Jeune frère mineur du précédent, son règne est également marqué par l’impossible réconciliation avec les protestants et finit dans le sang.
Le 9 septembre, sous la régence de la reine-mère Catherine de Médicis, le colloque de Poissy entre parti catholique et parti protestant, se solde par un échec. Le 16 novembre, 30 huguenots sont tués à Cahors. La tentative de conciliation continue. Le 17 janvier 1562, par l’édit de Saint-Germain-en-Laye, le roi autorise le culte protestant dans les campagnes et dans les faubourgs.
Mais le 1er mars 1562, François de Lorraine, duc de Guise et prince de Joinville, chef emblématique du parti des catholiques les moins tolérants, fait tuer des protestants à Wassy, dans la Marne. Les leurs reprennent les armes et conquièrent plusieurs villes. Ils sont arrêtés à Dreux.

En Avranchin et Cotentin, les hostilités sont déclenchées le 6 mars 1562, par Jean Ouessey, seigneur du Touchet, de Villechien et du Teilleul, ami et lieutenant de Gabriel de Mongomery, seigneur de Ducey et de Logres (rentré d’exil après la mort d’Henri II, et devenu protestant). A la tête d’une troupe estimée à 200 arquebusiers à cheval, il commence par mettre le feu à la collégiale Saint-Evroult de Mortain, avant de saccager quelques jours après les églises et la cathédrale d’Avranches. Puis l’abbaye de Cerisy est atteinte.
Le journal du Sire de Gouberville nous apprend que le 27 avril, la population du Nord-Cotentin est en proie à la peur : "il y avoit tout plein de huguenots à la forest qui venoyent prendre l'abbaye". En mai, Gilles Picot de Gouberville constate la peur que son arrivée en inconnu provoque à Vire, puis il voit les ravages huguenots à Bayeux.

Face aux destructions d’églises et de cultures, face aux pillages, la colère gronde et, le 7 juin, des protestants sont tués à Valognes… Aussitôt, le duc de Bouillon envoie une troupe de 500 hommes pour calmer les esprits. Mais il est trop tard, les seigneurs de Sainte-Marie et leurs troupes huguenotes s’emparent de Montebourg le 14 juin 1562. Puis, ils se retournent contre Valognes et - accompagnés de 700 cavaliers venus de Saint-Lô - ils l’investissent le 15 au soir. Selon certaines sources, le même jour, 1000 hommes viennent de Tocqueville. Puis, le 17 juin, c’est le corsaire François Le Clerc, dit « Jambe de bois », qui les rejoint avec 1500 fantassins. La ville est ravagée, le couvent des Cordeliers est saccagé, un moine est assassiné. Son tort est de s'être empressé de manger toutes les hosties consacrées du tabernacle, avant que les assaillants ne puissent les profaner.
Les protestants sont délogés du château le 19 juin par les troupes catholiques de Cherbourg menées par Jacques II de Goyon seigneur de Matignon, comte de Torigny, prince de Mortagne-sur-Gironde, lieutenant général de Basse-Normandie depuis 1559, et gouverneur d’Alençon depuis 1561.

En juillet, les forces s'affrontent d'abord à Rouen, puis les événements se raprochent en pays de Caux, à Caen et enfin à Carentan. D’autres saccages et pillages ont lieu jusqu’à la fin de l’été. Au manoir de Lestre aux portes du Val de Saire, puis en l’église Saint-James en Avranchin, le 25 juillet. A côté, à Argouges, on dénombre 11 victimes. Encore un peu plus loin, l’abbaye de Savigny est ravagée.
Le 9 août c’est l’église du Mesnil-au-Val, aux portes de Cherbourg. L’abbaye du Vœu y est dévastée le 10 août.
Les troupes protestantes prennent Saint-Lô et s’en prennent à l’Eglise Notre-Dame qu’ils partageaient jusqu’alors avec les catholiques. Le 10 août, ils s’en prennent à Coutances et à sa cathédrale, brûlent des maisons et humilient l’évêque du lieu. Les catholiques reprennent Saint-Lô le 27 septembre, sans verser de sang.

Pour autant, la situation reste fragile : du 30 septembre au 5 octobre Matignon fait se réunir les gentilshommes à Valognes pour lever une contribution "mil escus par moys sur lesdits estats, pour payer les gens pour garder la vicomté" et pour élire le sieur d'Esperville à la tête de cette garde. Les esprits s'échauffent jusque chez le peuple...
L'automne et l'hiver sont marqués par les tensions : rumeurs, peurs, arrestations, évasions, pendant que la troupe de Cherbourg - qui n'est pas payée - manifeste son mécontentement dans les paroisses voisines. Un italien, du parti très catholique des Guise, lève l'impôt à Caen, Bayeux, Falaise pour les besoins de leurs gens d'armes.
Les combats reprennent. En février 1563, l'amiral de Coligny et les huguenots s'emparent de Caen et Bayeux, et demandent le renfort des anglais. Saint-Lô repasse aux mains du duc de Bouillon avant d'être repris par Mongomery.

Le 19 mars 1563, le traité d’Amboise scelle la paix : les protestants sont libres d’exercer leur culte là où il est déjà établi. Mais en juin 1566, des protestants se soulèvent à Pamiers, la répression est violente. En août et septembre 1567, des protestants tentent d’enlever le roi et sa mère. Le 29 septembre, des notables catholiques sont assassinés et les troupes protestantes conduites par le prince de Condé et par l’amiral de Coligny s’approchent de Paris. Le 10 novembre, les troupes protestantes sont défaites. Le 23 mars 1568, une nouvelle paix est signée à Longjumeau, qui sera confirmée en 1570. En signe de réconciliation, le 18 août 1572, la sœur du roi épouse un prince protestant, le futur Henri IV, ce qui ne plait pas au peuple parisien. La colère est renforcée par l’étalage de faste pendant le mariage princier, alors que le peuple a subi de mauvaises récoltes et que les prix sont en hausse.
Le 22 aout, l’amiral de Coligny, chef des huguenots, échappe à une tentative d’assassinat. Des protestants en colère font soudainement irruption et interrompent le repas de la reine-mère. Le 23 aout au soir, esseulés, le roi et sa mère prennent peur puis Charles IX ordonne l’assassinat des chefs huguenots, sauf son nouveau beau-frère et l’amiral de Coligny. Le 24 août, dans la nuit, la situation échappe au roi et, malgré ses appels au calme, des milliers de protestants sont assassinés à travers la France. Des massacres se poursuivent jusque début octobre. Le 26 août, Le roi endosse seul la responsabilité des événements.
La Normandie échappe globalement aux massacres de la Saint-Barthélémy, sauf Rouen, et Matignon y veille tant à Alençon qu’en Cotentin. Cependant, Montgomery revient d’Angleterre, relance les hostilités, reprend Carentan, Saint-Lô et Valognes. Installé à Saint-Lô qu’il fortifie, Montgomery fait réquisitionner les paysans locaux et les oblige à creuser un canal pour inonder les marais, afin de se protéger de la riposte des partisans du roi. Pourtant, il doit finalement fuir devant Matignon qui le capture et le livre à Paris, où il est exécuté le 26 juin 1574.

Pendant ce temps, en Avranchin, Jean Ouessey seigneur du Touchet, de Villechien et du Teilleul, ami et lieutenant de Gabriel de Montgomery comte de Ducey, n’a plus les moyens financiers d’entretenir sa troupe de 200 arquebusiers huguenots, à cheval.
Ceux-ci s’ennuient en attendant leur solde. Finalement, ils reprennent leurs raids pour piller, voler. Ils s’en prennent également au pauvre peuple local : ils font des otages qu’ils enferment au château et rendent contre rançon…
Les paysans se révoltent et s’emparent du château de la cour où réside Jean Ouessey. Son corps est mené à la prison de Mortain où il a commencé ses violentes exactions le 6 mars 1562.

La naissance de la Ligue

La période a été révélatrice d’une France appauvrie par les guerres et de la fragilité de la maison royale après la disparition de François 1er. Ses deux petits-fils François II et Charles IX, les deux premiers fils d’Henri II, se sont succédés sur le trône royal. Mais, ils n’ont pas pu gérer les conflits et les apaiser, malgré des tentatives certaines de diplomatie.
Mourant prématurément, ils laissent place à un troisième fils – Henri III – roi de Pologne depuis 1573, désormais couronné roi de France le 13 février 1575, à Reims. Il a pour réputation d’être intolérant envers les protestants car dès l’âge de 16 ans il a été le chef des armées : le lieutenant général du Royaume. En réalité, malgré des finances royales malmenées, malgré son frère François d’Alençon, malgré le Prince de Condé, malgré le futur Henri IV son successeur, malgré le cardinal et le duc de Guise, et malgré bien d’autres courants parfois soutenus par l’étranger, il sut écouter les conseils des catholiques modérés, négocier avec les protestants, tout en tentant de maintenir l’ordre lors de nouveaux soulèvements et des nouvelles guerres internes qui émergeaient alors.
Il coûta alors à Henri III de ne pas être compris par une grande partie du peuple de France, aux prises avec la peste de 1575 à 1578, las de tant de guerres et de drames, sans comprendre cette foi nouvelle et « iconoclaste » qui se propage surtout chez les plus riches. Le peuple en colère trouve que les « hérétiques » sont trop ménagés au regard des exactions qu’ils commettent lors de leurs révoltes successives. C’est sur le lit de cette exaspération que nait la Ligue, un parti de catholiques revanchards et violents, particulièrement hostiles à la clémence du roi de France, résolus à en finir avec les protestants. Du nord au sud, Valognes et Avranches qui ont violemment subi le joug huguenot font partie des fiefs ligueurs et nourrissent la colère rurale. Coutances se soulève mais se laisse acheter par les partisans du roi. Au contraire, Saint-Lô, Saint-Sauveur-le-Vicomte et Mortain restent fidèles au roi, tout comme Cherbourg la modérée reste fidèle à Jacques de Matignon, devenu Maréchal de France en 1579.

De son vivant, sans héritier, la succession d’Henri III fait problème car la loi salique désigne un Bourbon protestant pour successeur : Henri III de Navarre, le futur Henri IV roi de France. En 1585, aidé financièrement par l’Espagne et renforcé, le leadeur de la Ligue, le duc de Guise, oblige Henri III à signer le traité de Nemours et à « bouter les hérétiques hors du royaume ».
Les troubles qui ensuivront continueront jusqu’à leur mort. La ligue voudrait mettre le duc de Guise sur le trône de France, en mars 1587, elle tente d’enlever Henri III mais échoue. Sous la pression constante de la Ligue qu’il prend en haine, le roi finit par accepter le 1er août 1588 de rejeter ses conseillers. Mais, regrettant et espérant rétablir son autorité, le roi fait assassiner le duc de Guise dès le 23 décembre 1588, et son frère le cardinal de Guise dès le lendemain. A Blois, il fait arrêter les ligueurs et les membres de la famille de Guise. Catherine de Médicis, la mère du roi, décède elle-même le 5 janvier 1589. Il ne reste plus longtemps à vivre à Henri III : poignardé par le dominicain ligueur Jacques Clément le 1er août 1589, il succombe le lendemain. Avant de mourir, le roi désigne nommément Henri III de Navarre, le futur Henri IV, pour successeur bien que ce Bourbon soit le chef des protestants. La maison capétienne de Valois s’éteint donc avec lui.
Contraint de continuer de guerroyer contre les ligueurs, Henri IV ne sera couronné que 6 ans après, fin juillet 1593, suite à son abjuration du protestantisme et grâce à un retour (temporaire) à la foi catholique. Néanmoins, le relèvement des impôts provoque la « révolte des Croquants » dès 1594. Puis, à partir de 1595, Henri IV est fragilisé par la guerre contre l’Espagne qu’il a provoquée. Les troubles intérieurs perdurent donc, notamment en Val de Saire.

Les événements en Nord Cotentin

En mai 1589, le ligueur François de la Cour, sieur du Tourps, veut s’attaquer à Cherbourg mais la troupe le bloque et le repousse au village de la Belle-Croix, à Equeurdreville, il se retourne alors contre la tour de Barfleur dont il s’empare, qu’il doit défendre une première fois le 28 novembre, avant de l’abandonner en février 1590.
Dans ce climat de fortes tensions, le 7 août 1589, à l’annonce de la mort d’Henri III, Michel de Montreuil capitaine de la Chaux, lieutenant du roi au château de Cherbourg, commandant des ville et château de Cherbourg, réunit gouverneurs, échevins, gentilshommes et bourgeois de Cherbourg. Ceux-ci se disent favorables et fidèles au nouveau roi Henri IV mais n’oublient pas de signaler que la garnison n’est pas payée depuis 15 mois et que depuis 6 ans il leur en coûte grandement d’approfondir le cours de la rivière allant à la mer.
La ville organise sa défense face à la menace des ligueurs et, le 24 août, quatre capitaines de quartier de la milice bourgeoise sont élus. Le 18 octobre 1589, le roi Henri IV demande de mettre une centaine d’arquebusiers à cheval à disposition de François de Bourbon, duc de Montpensier, cousin du roi, gouverneur de la Normandie et comte de Mortain. Ils participeront notamment à la prise du château de Milly. Car en effet, le roi informe Michel de Montreuil qu’il envoie justement son cousin et Odet de Matignon, comte de Torigny et fils de Jacques, pour reprendre les villes rebelles et châtier ceux qui ne leur obéiront pas.

Or, le 12 janvier 1590, François de la Cour engage le combat à Saint-Germain-de-Varreville mais échoue. Le 20 janvier 1590, Hervé de Carbonnel, seigneur de Canisy, gendre du comte de Matignon, écrase les troupes de ce François du Tourp à Emondeville et le fait prisonnier. Avec les survivants, ils sont libérés contre une forte rançon qui ruine sa paroisse mais qui – surtout – marque les esprits. Les habitants du « Val de Cère » envoient alors des ambassadeurs pour demander pardon et promettre obéissance au roi, ils promettent de payer la taille. La soumission est reçue peu après au château de Théville et, en échange de son pardon, le roi demande à ces habitants de remettre leurs armes, de payer les impôts en retard plus une contribution à l’effort de guerre. Le roi Henri IV veut 10 000 livres. Chaque paroisse doit également envoyer deux notables en otages jusqu’à ce que les conventions de reddition soient signées à Cherbourg le 26 février 1590.
Le commandant des ville et château de Cherbourg satisfait le roi qui l’encourage par lettre du 26 février 1590 en lui demandant de bien protéger Cherbourg. Le 31 avril, de son campement face à Valognes, Matignon lui demande de mobiliser chacun afin de « réprimer les pillages et exactions des ennemis » et obéir au roi. Le lendemain 1er mai, profitant de la précédente victoire d’Emondeville, le comandant de la ville et du château de Cherbourg fait valoir au bailli du Cotentin tous les travaux de renforcement et de réparation qu’il a dû mener pour protéger la place, tout l’armement qu’il a dû acquérir selon les ordres de François de Bourbon, duc de Montpensier, cousin du roi, et dont presque rien n’a été payé à ce jour. Il fait également valoir qu’une troupe est entretenue, qu’elle est elle-même intervenue pour protéger les habitants de la Hague et contre les châteaux de Saint-Sauveur-le-Vicomte, Valognes et Neuilly aux mains des ligueurs ; elle n’est pas payée non plus.
En effet, la collecte de la taille est difficile et les finances du roi sont au plus bas. Le duc de Montpensier vient donc visiter Cherbourg le 28 octobre 1590 pour examiner ces requêtes, au moment où les états de la vicomté de Valognes demandent l’installation d’une garnison à Barfleur pour s’opposer aux rebelles ligueurs venant notamment des châteaux de Valognes et de Saint-Sauveur-le-Vicomte.

Car la paix ne revient toujours pas : désormais ce ne sont plus les huguenots qui détruisent et terrorisent la région, ce sont les ligueurs. Avant la visite de Cherbourg par François de Bourbon, duc de Montpensier, cousin du roi, comte de Mortain et gouverneur de Normandie, des troupes cherbourgeoises se sont jointes à celles des seigneurs de Sainte Marie et de Réville pour s’attaquer aux malfaisants, et notamment au petit château d’Anneville-en-Saire de François de la Cour, sieur du Tourps, qu’il fait fortifier par 500 ouvriers réquisitionnés et empêchés de payer la taille.
Une première attaque a lieu le 9 octobre 1590, puis une autre le 15 février 1591, sans succès. Le 2 juin 1591, du Tourp attaque la tour de Barfleur, mais elle sera reprise par Matignon. Le 13 juin 1591, le comte Odet de Matignon prend Valognes, aux mains des ligueurs depuis 1588.
Michel de Montreuil capitaine de la Chaux, lieutenant du roi au château de Cherbourg, commandant de la ville et du château, a participé au siège et à la victoire de Valognes avec son artillerie venue de Cherbourg. Mais il est amer car un certain nombre de petits seigneurs locaux ne l’appuient pas dans sa lutte contre l’ennemi. Ce fut particulièrement visible dans sa lutte contre François de la Cour et lors de la destruction des fortifications de son château le 11 juin 1591, après 15 jours de siège.

Néanmoins, avec son fils du même nom, le sieur du Tourp, accumule de nouveaux faits d’armes et de pillages. Le 9 juillet 1591, il brûle le château de Réville, suivront ceux de Saint-Pierre-Eglise, de Rauville, de Carnetot, du Mesnil et de Montfarville. Le 1er octobre il conquiert celui de Teurthéville-Bocage où il se barricade. François de la Cour semble même de plus en plus fort. Le 15 février 1592 il nargue les troupes loyalistes, à la fin du mois il les vainc alors qu’elles se rendent au siège de Réville. Il attaque Saint-Pierre-Eglise et Le Vicel, où il l’emporte à nouveau sur les troupes fidèles au roi.
Pendant ce temps, l’Europe semble bien davantage préoccupée par la peste qui se répand avec son cortège de morts innombrables, notamment à Cherbourg et en Nord Cotentin. Mais la réussite semble néanmoins fuir le leader rebelle. Il échoue à Saussemesnil les 4 et 12 avril et les ligueurs se replient dans l’église de Teurthéville-Bocage. Le 18, il n’arrive pas à s’emparer des châteaux de Fermanville et de Gonneville. Le 28 mai, il échoue également à Réville. La troupe lui reprend le château de Teurthéville en décembre 1592 mais il s’échappe à nouveau.
Finalement, il est tué le 22 décembre 1592 lors de l’embuscade de La Pernelle. Son corps est emporté à Cherbourg où il est mis sur la roue après avoir été salé, et pendant des années sa tête sera exposée sur les murailles de Cherbourg. Son fils François, du même nom, reprend le flambeau et le 29 décembre 1593, il est désormais nommé « maréchal de camp du régiment de huit compagnies de gens de pied franches de cent hommes chacune et capitaine particulier de l’une d’icelles » par le duc de Mayenne, autre ligueur et opposant au roi.

Un nouvel épisode recommence avec François de la Cour, sieur du Tourps, fils. Avec les seigneurs de Saussemesnil, d’Octeville et de Sainte Croix, et nombre d’autres, ils fomentent le projet d’attaquer Cherbourg quand elle est vulnérable, c’est-à-dire pendant la procession du dimanche des Rameaux d’avril 1593. Pour cela, des éléments de la troupe rebelle s’approchent le vendredi soir puis le samedi soir pour observer leur cible. Une vieille femme de Tourlaville, nommée Besboué, ramassant des fagots dans la forêt de Saumaret, les entend préparer l’expédition du lendemain. Feignant d’être sourde et d’avoir besoin d’aide, sa présence n’alerte pas les ligueurs qui la laissent repartir… et prévenir la place de ce qui se fomente.
Lors de l’attaque, les assaillants sont surpris par une forte défense organisée par Michel de Montreuil capitaine de la Chaux, commandant des ville et château de Cherbourg. La plupart des 600 d’entre eux est faite prisonnière, ils sont jugés, parfois exécutés et de nouvelles têtes seront exposées sur les remparts du château, pendant que d’autres rebelles sont poursuivis jusqu’à Théville et abattus.
Ayant réchappé du désastre, le fils François de La Cour ne se tient pas pour vaincu et repart en campagne. Il est assiégé à Honfleur (Calvados) par François de Bourbon, le duc de Montpensier. En juin 1594, lors de la chute de la place, il reçoit l’autorisation de retourner en son château, avec quelques soldats. Ayant prêté serment de fidélité à Henri IV, il ne parait plus dangereux. Pourtant, il se révolte à nouveau le 9 juin 1594 et, dans la nuit du 20 au 21 décembre 1594, il s’empare de la tour de Tatihou. Après trois jours de siège par le sieur de Canisy, le fils de la Cour est tué. Son corps est alors exposé dans les rues de Valognes et de Cherbourg, avant d’être inhumé le 18 janvier 1595 à Tatihou. A Valognes, le 6 mai de la même année, ses adjoints sont condamnés au supplice de la roue, voire étranglés et pendus.

Ses frères héritent du fief. A la requête de son frère Louis, le 14 août 1597 Henri IV rend les corps des de la Cour père et fils à la famille, et ajoute qu’il accorde son pardon au fils, bien jeune à l’époque des troubles. Par contre, la famille est lourdement imposée sur ces deux successions.
Le dernier frère de François de la Cour fils épousera une Bellot, de la famille protestante des seigneurs de Callouville. Et la famille s’éteint peu après, dans l’Orne.
La situation du pays n’est plus la même. L’édit de Nantes du 13 avril 1598 en faveur des protestants, puis le traité de paix de Vervins entre la France et l’Espagne le 2 mai 1598, ramènent enfin la paix en France… après une dernière guerre contre le duc de Savoie, fin 1599 et début 1600. La prospérité peut alors reprendre pour 50 nouvelles années.

Mais de quel côté étaient les Raoult du Cotentin ?

Nous savons qu’à l’époque, des Raoult étaient présents et bien établis à Valognes, Cherbourg et en Val de Saire :
- Les plus vieux registres paroissiaux de Cherbourg, de 1549 et suivants, démontrent que des Raoult y naissent et s’y marient.
- Le journal du sieur de Gouberville signale de 1555 à 1562 la présence de plusieurs Raoult de Cherbourg et du Val de Saire : Guillaume tabellion à Saint-Pierre-Eglise, Toussainctz sergent royal, Jehan charpentier de Cherbourg, Marc et Macé dont nous ne savons la profession… Il est à remarquer qu’en novembre 1561, sous Charles IX, le frère de Guillaume Raoult est dit emprisonné. Est-ce un protestant ? Rien ne le laisse penser mais ce n’est pas impossible car les protestants se sont implantés peu avant dans l’est du Val de Saire.
- Selon un registre notarial de Valognes, une Raoult y établit un contrat de mariage le 18 juin 1579, il est déposé le 17 novembre.
- Les plus vieux registres notariaux du Val de Saire, à Réthoville, témoignent de la présence bien établie des Raoul de Fermanville, entre 1582 et 1584 : Marguerin, Jean fils Guillaume, Guillaume Raould fils Thiénot. On y trouve également un Gilles Raoul de Carneville et la trace d’un Macé Raoul tabellion en 1544…
- Selon l'histoire paroissiale de Nacqueville, un Denys Raoul y devient curé en 1590.
Finalement, nous ne savons pas grand-chose à leur sujet, en dehors du fait qu’ils se marient, acquièrent et vendent terres et rentes dans un contexte politico-socio-religieux dont il n’est pas fait mention dans ces registres.

De même, la remarquable thèse de Patrice Mouchel-Vallon « Croquants, rebelles et ligueurs en Cotentin à la fin du XVIe siècle. La réécriture politique d'une révolte et de ses composantes : prosopographie de l'émeute, du saccage et du meurtre » ne cite que très peu de Raoult – Raoul. Et ceux cités ne sont pas du Nord-Cotentin :
- Pages 140-141, il est question d’ecclésiastiques et d’habitants de Coutances s’étant révoltés et joints aux ligueurs après le décès d’Henri III, le 2 août 1589. Selon un arrêt sur rapport de la Grande Chambre, du Parlement de Normandie tenant séance à Caen, un Guillaume Raoul est cité pour avoir participé à une requête, avec d’autres « n’ayant participé à la rébellion » (12 septembre 1591, 1 B 5712, Archives Départementales de Seine-Maritime). Cet arrêté est à nouveau cité page 280, au sujet de la capitulation de la ville de Coutances qui fut achetée aux rebelles ligueurs.
- Pages 290-291, il est cette fois question d’un Nicolas Raoult. Mais ce dernier est du côté des ligueurs de Bayeux. En effet (selon la note de bas de page n°1518, il est question d’un autre arrêt sur rapport de la Grande Chambre, du Parlement de Normandie tenant séance à Caen), frère Jehan Noël, religieux du couvent des Augustins de Bayeux, porte requête « pour emprisonnement excez et oultrages a luy faictz et commis par ses confreres religieux aud[it] couvent a linstiga[ti]on de Nicolas Raoul, Jehan Fremine, Jehan Delacavee, bourgeois de Bayeux et ung nomme De Lande chanoine aud[it] Bayeux tenans encor le party de la ligue pour raison de ce que led[it] Noel religieux excitoit le peuple apres Dieu pour la prosperité du Roy », 26 juin 1591, 1 B 5711 », Archives Départementales de Seine-Maritime.

Les relevés d'abjurations présentés par le Cercle Généalogique de la Manche citent également très peu le Nord Cotentin et les RAOULT concernés sont tous du Centre-Manche. Selon l' « Etat des protestants de la vicomté de Coutances après 1585, date de l’édit de Nemours qui interdisait le protestantisme en France (Annuaire de la Manche, 1890) » vers 1585, deux Philippe RAOULT (l'un du Roncey, l'autre de Percy) abjurent le protestantisme et deviennent catholiques.
D'autres relevés signalent bien plus tard les abjurations de Catherine RAOULT, le 30 novembre 1785 au Chefresne (à l'est de Percy), puis de Gabriel LEGOUPIL le 1er mars 1686. Il travaille pour M. de Cussy à Saint-Lô, mais c'est le fils de Jean et de Judith RAOULT d'Outreleau (à l'est de Pont-Farcy, toujours à l'est de Percy). Encore dans ce secteur, à Gouvets, c'est un Théodore RAOULT né en 1706 et décédé en 1760 qui abjure 2 jours avant de décéder.
Finalement, les registres paroissiaux révèlent surtout un foyer de RAOULT protestants au Chefresne. En 1756 puis en 1789, l'année de leur mariage respectif, ce sont Pierre RAOULT puis Marie-Jeanne BOURDION (fille de Catherine RAOULT) qui abjurent. Le phénomène s'amplifie pendant un 19ème siècle plus apaisé. A Montabot (au nord du Chefresne), Louis David RAOULT, âgé de 20 ans, chef compagnon sabotier, fils de Jean-Pierre et Marie-Madeleine VILLAIN, abjure avant de se marier avec Marie-Anne LE BEDELLE. Les 3 août 1823 et 7 mars 1828, au Chefresne, ce sont Marie-Jeanne BOURDON puis Marie Anne et Jean - tous enfants de Louis et Marie Madeleine Françoise RAOULT- qui font de même. Jean est domestique, comme Jean-Pierre RAOULT qui abjure le 17 février suivant, pour se marier. Marie-Honorine VILAIN (fille de Catherine RAOULT) en fait autant le 24 mai 1850, mais cette fois 4 ans avant le mariage. Enfin, du 19 août 1855 au 18 mai 1856, ce sont 5 enfants de Louise Aimée RAOULT (elle-même le 4 novembre 1855) qui le font à leur tour.

Que conclure quant à ce relatif silence quant aux RAOULT du Nord-Cotentin ?

Les Raoult du Nord-Cotentin ont très probablement pensé et agi comme nombre de leurs voisins contemporains. Les événements ont été violents et ont duré, compliquant un quotidien déjà assez âpre, si bien que nous en parlons encore aujourd’hui avec une franche réprobation. A l’époque, ces événements ont donc encore plus particulièrement attiré l’attention de tout un chacun, et chacun s’est construit un avis, s’est positionné. Mais plus rares sont ceux qui se sont enflammés et qui se sont aventurés en prenant part aux divers soulèvements huguenots ou ligueurs contre les rois et l’ordre public.
En effet, la plupart des habitants du Nord Cotentin n’ont probablement pas vraiment connu les thèses protestantes qui se propageaient surtout chez les plus riches. Exaspérés par les violences des huguenots, témoins craintifs des combats entrepris pour rétablir l’ordre loyal, ils étaient certainement plus préoccupés par leur survie que par des conflits qui les dépassaient. Qu’ont-ils ensuite pensé de l’émergence des ligueurs ? Certainement une sympathie au début, car leur foi catholique avait été attaquée alors qu’elle avait une fonction intégrative dans la société, et alors qu’elle rythmait tant leur quotidien que leur histoire de vie. De plus, le désordre permettait d’échapper temporairement au payement de la taille.
Mais ils prirent peur début 1590 et ils ont finalement réprouvé tant les violences et pillages des ligueurs que ceux des huguenots, quelques années auparavant. Outre quelques colères passagères, les Normands n’aiment pas les extrémismes et, sur un littoral parfois aride, chacun préférait logiquement la paix, chacun avait pour priorité de prendre soin de sa famille. La guerre de 100 ans avait laissé en mémoire ses traumatismes et il était bien plus important de trouver à nourrir les siens, de renforcer les solidarités locales afin de se protéger, plutôt que de croiser le fer et de semer la famine en mettant le feu aux récoltes.

La guerre et les polémiques, c'étaient le divertissement de ceux qui en avaient les moyens... alors que pour les autres elles n’étaient que malheur !
 

Sources :

Collectif. Manche en Normandie, Encyclopédie Bonneton, chapitre Renaissance et âge classique, éditions Christine Bonneton, Paris, 2011, 320 pages, EAN 978-2-86253-480-0.

Collectif. Le Cotentin au temps du Sire de Gouberville, Rencontre de Cerisy, chapitre Gilles de Gouberville et la première guerre de religion, Revue du Département de la Manche, Tome 28 - 1986, Numéro Spécial - Fascicules 109 à 111, Saint-Lô, 162 pages.

Maurice Lecœur. Cherbourg au fil du temps, chapitre Corsaires et religionnaires, éditions Isoète, Cherbourg, 2001, 192 pages, ISBN 2-913920-15-2

Jean Mabire et Jean-Robert Ragache. Histoire de la Normandie, chapitre 13 Découvreurs et réformés, éditions France-empire, Paris, 1986, 403 pages, ISBN 2-7048-0703-5.

Patrice Mouchel-Vallon. Croquants, rebelles et ligueurs en Cotentin à la fin du XVIe siècle. : la réécriture politique d'une révolte et de ses composantes : prosopographie de l'émeute, du saccage et du meurtre. Histoire. Normandie Université, 2017. Français. HAL Id : tel-01537124. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01537124

Sites :

Académie de Cherbourg, le site de la Société nationale académique de Cherbourg. Un gouverneur de Cherbourg sous la Ligue – Michel de Montreuil, dit le capitaine de La Chaux (ca 1538-1621). Publié par marcletourps le 13 décembre 2010. https://academiedecherbourg.wordpress.com/2010/12/13/un-gouverneur-de-cherbourg-sous-la-ligue-michel-de-montreuil-dit-le-capitaine-de-la-chaux-ca-1538-1621-3/

PH L. Les guerres de religion dans le Val de Saire : la Ligue (2). Publié le 23 Février 2010. Publié dans #Histoire locale. http://www.vds-phl.fr/article-les-guerres-de-religion-la-ligue-45279824.html

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Blason jmr azur et argent 2