Jacques François, un marin du 19è siècle

Mon arrière-arrière-grand-père Jacques François RAOULT (1844-1894) a traversé nombre de mers et d'océans, il a même servi la France lors de l'intervention militaire au Mexique.

Selon wikipedia :
À l'origine de cette initiative se trouvent des conservateurs mexicains en Europe qui souhaitaient installer au Mexique un souverain européen catholique et conservateur pour contrebalancer le pouvoir des jeunes États-Unis protestants. José-Manuel Hidalgo y Esnaurrizar, l'un d'entre eux, fit la connaissance de l'impératrice Eugénie et réussit à l'intéresser à sa cause. Napoléon III, sur les conseils du duc de Morny, chercha et trouva, après avoir essuyé le refus d'autres princes, l'archiduc Maximilien de Habsbourg qui venait de refuser d'être roi de Grèce. Maximilien hésita, mais, encouragé par sa femme Charlotte, fille du roi des Belges Léopold Ier, il finit par accepter de devenir empereur du Mexique.
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Jacques François est à l'image de bien des marins de France en général, et du Nord-Cotentin en particulier : globe-trotteur par métier, aventurier par appartenance à son époque portée par les désirs européens d'expansion commerciale, territoriale et politique. Combien n'en sont pas revenus et dont personne ne garde le souvenir ?

Des échos de sa vie m'étaient arrivés par bribes grâce à mes grands-parents, surtout sa mort par noyade au port de Portbail (50), si près de chez lui alors qu'il était allé tellement loin. Benoit - un cousin havrais - nous transmet un tableau récapitulatif de sa carrière de 1855 (il venait d'avoir 11 ans) à sa mort accidentelle en service, en 1894. Nous apprenons qu'il avait les cheveux roux et les yeux marrons ou roux, le visage ovale avec un front ordinaire, un petit nez et une bouche moyenne coiffant un menton rond. Nous le voyons longer régulièrement les côtes françaises, mais parfois aussi franchir la Manche pour rejoindre Ramsgate, remonter la mer du Nord pour se rendre à Anvers (Belgique) et à Hambourg (Allemagne), traverser l'Atlantique pour aller à Pointe-à-Pitre et à Saint-Pierre en Martinique, à Rio-de-Janeiro (Brésil), à New-York (USA) et visiblement passer le cap Horn pour gagner le Pacifique et atteindre Acapulco (Mexique), Lima (Perou) ainsi que Tahiti.

Sources :
Folio 267, n°133, registre 4P6 123 (1855-1859), mousse.
Folio 363, n°243, registre 4P6 121 (1859-1862), novice.
Folio 1842, n°558, registre 4P6 114 (1862-1863), matelot spécialité gabier de 1ère classe.
Folio 2031, n°232, registre 4P6 151 (1863-1874), matelot puis second, marine nationale du 1.7.1864 au 30.6.1870.
                                                         Le 30.9.1864, récipiendaire du brevet et de la médaille française "du Mexique".
Folio et n°255, registre 4P6 145 (1875-1883), capitaine (nommé par brevet du 24.5.1875 : maitre au cabotage).

Hélas, il tente d'accoster de nuit au port de Portbail (50), au lieu dit la Caillourie. Le 5 avril 1894 - très tôt le matin - le médecin constate sa mort par noyade.

Nous ne savons pas pourquoi et comment il est tombé à la mer, mais il n'a visiblement pas pu se libérer à temps de ses grandes cuissardes - apanages de son rôle de commandement - or l'eau s'engouffrant dedant, elles l'ont maintenu sous la surface. Jacques François avait 50 ans, et son plus jeune fils encore vivant n'en avait que 7.

Quelle différence entre Maîtres au cabotage et Capitaines au long cours ?

La question est fréquente, la réponse n'est pas toujours simple.

Tout navire de mer doit être commandé par une personne formée et qualifiée.
Au 19ème siècle, il fallait une solide formation pratique attestée par le diplôme de Capitaine au Long Cours ou de Maître au Cabotage (Bulletin des Lois, IXème série, 1836). Mais le diplôme ne donne pas le commandement car il fallait recevoir la confiance d'un armateur. C'est pourquoi, dans les registres des inscriptions maritimes, nous pouvons constater que certains n'obtiennent pas le poste espéré ou subissent une disgrâce temporaire voire définitive.

Les diplômes obtenus conditionnent les droits à commander :

Seuls les Capitaines au Long Cours ont le droit de commander sur toutes les mers du monde. Ils ont pour particularité d'avoir appris la navigation astronomique.

Les rayons d'action des Maîtres au Cabotage peuvent varier.
A l'origine, le principe veut qu'un Maître au cabotage soit limité à commander des navires marchands ou des navires de pêche sur les mes européennes : Méditerranée, Manche, Mer du Nord et Baltique, c'est à dire d'Athènes à Saint-Petersbourg, voire en passant par Alger. Il s'agit du grand cabotage, mais il y avait également le petit cabotage et le cabotage transatlantique.
Le petit cabôtage se limite à des déplacements de port en port et de cap en cap. Au contraire, le cabotage transatlantique permet de traverser l'Océan Atlantique pour aller rejoindre les îles est du continent américain : Terre-Neuve pour la pêche à la morue (cabillaud, etc...), mais également les Antilles, Cuba et Saint-Domingue.

Au-delà de la marine marchande, le diplôme de Maître au Cabotage est également reconnu dans la Marine Nationale. Pour les bâtiments de l'Etat, le diplôme de Maître au Cabotage correspond alors aux fonctions de Quartiers-maîtres de première et de deuxième classe.

Cette loi est restée valable jusqu'en 1902.