L'histoire des familles RAOULT


La plus ancienne trace d’existence de « RAOULT » en Val de Saire dont nous disposons est le témoignage du Sieur de Gouberville, cité dans une autre page. Plusieurs RAULT-RAOUL sont cités "maistre", "sergent" pour les fonctions, mais aussi propriétaires de terres.

En Val de Saire, les plus anciens registres notariaux datent du 16ème siècle, les plus anciens registres paroissiaux datent davantage du 17ème siècle, mais pour les paroisses qui nous intéressent les registres ne relèvent généralement que du 18ème siècle. Les relevés des plus vieux registres notariaux situent principalement cette famille dans le canton de Saint-Pierre-Eglise. A la fin du 16ème siècle et au 17ème siècle, ils sont nombreux à acheter des terres à Fermanville où se renforce le foyer principal. Il est possible qu'ils descendent des tabellions et bourgeois de Cherbourg, Carneville ou Saint-Pierre-Eglise. Mais selon des relevés généalogiques - non confirmés - ils pouraient provenir de Brillevast. Selon de vieux registres, ils ont aussi des liens à Théville et à Saint-Pierre-Eglise. Toujours est-il que le foyer fermanvillais s’étend sur Carneville, Maupertus, Cosqueville, voire Gonneville.

 

D’autres traces, plus rares, les situent au sud de Barfleur - à Montfarville - et à l'est de Barfleur, entre Gouberville (un contrat de mariage dans un registre notarial, de très vieux registres paroissiaux) et Gatteville (selon le registre paroissial de Barfleur). D'ailleurs, entre Gouberville et Gatteville, il se trouve encore un lieu-dit nommé Rauville et sa rue de Roville (Raoult-villa). Hélas, les registres de Gatteville encore disponibles ne remontent pas plus haut que la Révolution. Pour en savoir plus, il faudrait donc continuer d'étudier les registres notariaux de Barfleur et de l’est du Val de Saire. Pour lors, il n'y a rien de probant... Un jour peut-être…
Toujours est-il que cette souche voisine ou cousine celle de Montfarville où elle est appelée RAULT, puis RAULX ou RAUX. Mais quand certains migrent vers Cherbourg, il leur arrive généralement de redevenir RAOULT.

Sous l'Ancien Régime :

Les plus anciennes traces fnous proviennent des plus anciens registres paroissiaux de Carneville, Cosqueville, Maupertus et des registres notariaux de Carneville et de Saint-Pierre-Eglise.

A Carneville, nous trouvons Nicolas RAOUL, tabellion royal (notaire) à l’écritoire de Carneville, pour le canton de Saint-Pierre-Eglise, dans la première moitié du 17ème siècle.
-            Son fils Guillaume RAOUL est Sieur de l’Etang, secrétaire de l’Avocat Général au Parlement de Normandie,
             à Rouen, et se destine à la prêtrise.
-            Son fils Nicolas RAOUL, prestre et curé d'Ancteuville, au nord de Coutances, qui fait procuration à son aisné,
            
en juin 1650, afin que celui-ci règle ses affaires auprès de la seigneurie de Carneville, du fait des héritages 
             tenus de son père.

-            Son fils Gilles RAOUL est Sieur des Fosses, archer de la prévôté et procureur au Parlement de Normandie.
 
           Mais Gilles RAOUL décède sans enfant vivant connu.
-            Sa fille, Françoise, épouse Richard MICHEL sieur de la Chesnée, et sur le contrat de mariage, l’entourage est
 
           composé de nombreux bourgeois de Valognes.
Nous savons très peu au sujet de cette lignée influente, si ce n'est qu'il y a eu plusieurs tabellions en Val de Saire, auparavant. Il est possible qu'il s'agisse d'une des familles bourgeoises RAOULT de Cherbourg, lettrée et proche de la famille Delafontaine, comportant déjà un tabellion (notaire).

Pour en revenir aux RAOULT de Fermanville, au 16ème siècle, il semble qu’il y ait au moins 3 foyers distincts dont on ne connait pas les liens de parenté.
Par contre, on remarquera qu'ils ont pour point commun de détenir nombre de biens.
A partir de ses 2 fils issus d'un premier mariage, la descendance de Marin RAOULT s’avère être la plus influente et surtout la plus nombreuse. Nous ne lui connaissons ni titre, ni fonction ou métier, nous n'avons que le contrat de son 2ème mariage et quelques actes notariés qui témoignent de ses achats de terres agricoles, dont un avec sa première épouse.
Toujours est-il que ses deux premiers fils symbolisent son influence locale :
-            Dans la branche de son fils ainé Robert – se signalant dans les actes notariés par de nombreux achats de terres –
             plusieurs petites filles de Marin épousent des capitaines et lieutenant de paroisse des environs. 
             Robert a également un fils Jacques qui porte les titres de trésorier puis (brièvement) de capitaine de Fermanville.
-            Dans la branche de son fils Jean, sa fille Marie épouse Guillaume GUERARD : le fils de Guillaume, capitaine de
             paroisse, et petit-fils de Maître Macé GUERARD, tabellion royal.
             Macé, fils cadet de Robert et petit-fils de Marin, marie une de ses filles à Macé VINDARD, fils et également
             capitaine de paroisse (et petit-fils d’une Olive RAOULT).

Les suivre fait également apparaître un réseau de familles alliées à travers le littoral du nord-ouest du Val de Saire :
-            les OSMONT et NOYON de Maupertus,
-            les GUYOT de Brillevast et Carneville
-            les GUERARD, MICHEL, LEBREQUIER et SIMON de Carneville,
-            les VINDARD de Fermanville, mais initialement originaires de Saint-Vaast,
-            les Le SENS de Cosqueville,
-            les de La HAYE de Néville,
-            et d’autres… Parfois de l’est du Val de Saire.

Toutes ces familles ont un point commun : les branches aînées sont dominantes, plusieurs portent des titres de noblesse (noble homme…) ou de propriétaires respectés (honnête homme… Sieur de…) et assurent les charges de capitaines de paroisses (capitaines des milices garde-côtes).
Il en sort également quelques vocations de prêtres : Nicolas chez les RAOUL, Bon Louis et Robert chez les RAOULT, qui commencent localement comme vicaires avant d’être mutés à travers le diocèse de Coutances.

Avec la Révolution :

Les RAOULT ne perdent pas leur influence au moment de la Révolution.
Au moment des Etats Généraux, Bernardin VINDARD, Macé RENOUF et François RAOULT – arrière-arrière-petit-fils de Marin – sont députés de Fermanville pour l’écriture des cahiers de doléance du baillage de Saint Sauveur le Vicomte.
Les registres paroissiaux retracent que les prêtres les ont transmis le 18 novembre 1792 à F. LEVALLOIS, officier municipal, et à J. LEVALLOIS procureur de la commune. Mais, dans les registres civils, le premier à porter le titre de « maire » de Fermanville sera François RAOULT, l’ancien "député" de la paroisse. Son fils Louis Charles François RAOULT sera également maire.
Au-delà de ces deux personnages, nombreux sont les RAOULT de Fermanville qui participèrent à la tenue des registres officiant comme témoins réguliers.

Néanmoins, au 19ème siècle, la descendance devient de plus en plus féminine. Peut-être est-ce dû à un changement alimentaire ?
En effet, au 19ème siècle, en Val de Saire, les labours laissent davantage place aux herbages et aux troupeaux, les familles consomment davantage de produits laitiers... Selon certaines études, cela favorise une descendance plus féminine.

Quant aux hommes, ils semblent quitter la commune car la plupart disparaissent progressivement des registres.
Quelques actes portent témoignage de cet exode du 19ème siècle. Il ne s’agit pas tant de l’exode rural vers les villes que nous avons tous appris à l’école.
Certes, il y a toujours eu des Fermanvillais qui rejoignaient Cherbourg et Tourlaville, certes il y a quelques départs pour Le Havre et Paris, mais le véritable exode des RAOULT semble davantage maritime. En effet, des actes de décès démontrent que l’un habite désormais Dunkerque, que d’autres décèdent dans les ports de France et bien au-delà : Port Malo (Saint Malo), Brest, Toulon, Alger, Vera Cruz au Mexique, Hong-Kong, etc…

D’ailleurs, au 19ème siècle, à travers les nombreux morts issus des familles de Fermanville, les registres de la commune témoignent de l’expansion française à partir des guerres napoléoniennes et coloniales, ainsi que de l’expansion commerciale avec de longs périples océaniques. Ainsi, les Fermanvillais s’en vont mourir dans le Bosphore, en Autriche, Algérie, Belgique, Haïti, Mexique, Pays Bas, etc… et dans le Pacifique.

De quelle provenance ?

Comme souvent en généalogie, les plus anciennes traces d’une famille concernent les nobles et ceux qui ont des biens. En effet, ceux-ci peuvent apparaître dans d’anciens documents officiels conservés dans des chartriers ou cartulaires. Ainsi les plus vieux registres notariaux du Val de Saire signalent des tabellions RAOULT depuis fort longtemps... Mais nous n'en savons guerre plus quant à leurs origines, ni qui ils étaient.

Au 16ème siècle, il n'y a que quelques foyers RAOULT à Fermanville, ce qui pourrait laisser penser qu’à cette époque ils descendent d’une seule souche encore assez restreinte. De plus, cette famille est influente et tisse des alliances avec les nobles et des bourgeois porteurs de titres.

Pour autant, aucun RAOULT ne semble noble :
-            Ils ne paraissent pas dans les nobiliaires et il n’y aurait que deux RAOULT cités dans l’armorial de Normandie
             
dressé en vertu de l’édit de 1696, par Charles D’HOZIER. Ils sont de Vire.
             Rien ne semble les rattacher aux RAOULT, sieurs de Torigny sur Vire, alliés des GRIMALDI Princes de Monaco et
            
des MATIGNON.
             Rien ne semble les rattacher aux RAOULT de Picardie, dont on ne connait que le blason : de gueule (rouge) avec
             trois coquilles d’or, dont une en pointe.
-            Aucun ne porte le titre d’Escuyer, aucun n’est appelé « noble homme » ou « Messire ». Au 17ème, ils sont appelés
             « honneste homme » ou « Maistre ».
             Certains sont qualifiés de « laboureurs », il faut croire que ce sont des propriétaires terriens bien installés.
             Mais progressivement au 18ème, davantage encore au 19ème, leurs enfants peuvent tomber de l’échelle sociale et
             devenir marins, matelots « à 24 » ou « à 36 francs », voire journaliers.

Reste la question de savoir quand et comment sont arrivés les RAOULT en Val de Saire ?

S’agit-il de descendants des riches bourgeois de Cherbourg ?

Il est fort probable qu'il y ait eu une interaction car les bourgeois des villes avaient en général une autre résidence dans la campagne avoisinante...
Et aux alentours de Cherbourg, il n'y a que très peu de RAOULT hors du Val de Saire : seulement trois identifiés aux portes de la Hague, quelques uns qui s'étendent entre Néhou et Valognes au milieu du 17ème siècle..

La plus ancienne trace connue d'un RAOULT à Cherbourg, est celle de Jehan, clerc, surnommé pélerin, qui est garde du sceau de la ville de 1412 à 1418, année ou les Anglais reprennent Cherbourg.
Les RAOULT – RAULT y sont en effet une vieille famille influente. Ainsi, au départ des Anglais en 1450, Jean Aubert entreprit jusqu’en 1466 de construire une mécanique présentant la montée de la Vierge Marie aux cieux, à l’Assomption. Pour la protéger et pour organiser les festivités annuelles, on créa la Confrérie de Notre-Dame-Montée composée des douze bourgeois les plus importants de Cherbourg. Elle comprenait d'emblée deux RAOULT – RAULT, dont un fut échevin.
Mais on ne peut ignorer non plus, qu'il y a dès 1464 à 1478 un tabellion nommé Guillaume RAOUL.
Est-ce l'ancêtre des divers hommes de loi du Val de Saire ? C'est plausible, mais rien ne le prouve.

Peut-être certains sont-ils venus de Flandre ? En effet, le lieu appelé « Les Flamands » à Tourlaville a accueilli dès le moyen-âge des commerçants venus du Nord. Or, le patronyme RAOULT y est fréquent.

Peut-être certains sont-ils venus de Bretagne ? Il y a au moins un cas, selon un acte de 1507 : « Jehan RAOUL, de Bretaigne, à présent bourgeois de Cherbourg, vend à Jehan de GENESTRE la moitié d'un petit jardin à porée assis en la vallée de Cherbourg en la rue Boudion ». Mais il y avait déjà des RAOULT bien avant.

De toute façon, à ce jour, malgré les hypothèses, aucun RAOULT du Val de Saire n'est clairement identidié être un de ces bourgeois de Cherbourg ou de leurs descendants.

Quel témoignage de Gilles de Gouberville ?

Son journal ne donne que peu d’indices (cf. la page qui lui est consacrée). Toujours est-il qu’une des plus anciennes traces de RAOULT en Val de Saire se trouve à Gouberville. 
Une autre trace très ancienne se trouve dans la toponymie : précisément un hameau de Gatteville-le-Phare, entre Gouberville et Barfleur. Sur cette commune, il existe un hameau nommé Rauville (Raoult + villa = le domaine de Raoult), avec une rue de Roville.

Mais est-ce une source possible pour ceux de Fermanville ? Rien ne le laisse supposer.

L'enquête continue donc...

Aucune hypothèse n'est vérifiée. Les RAOULT du Val de Saire pourraient être liés à ceux de Cherbourg car certains ont en commun d'accomplir la charge royale de tabellions ; mais rien ne le prouve et cela laisse place à nombre d'hypothèses.

Sont-ils originaires du lieu ? Neustriens ou scandinaves ?

Mais, l’observation des familles nobles et bourgeoises démontre que celles-ci avaient la possibilité d’acheter des charges à travers un diocèse et une région, et avaient la possibilité de passer des alliances à travers des mariages. Cela permettait aussi à ces familles de se disséminer à travers un diocèse ou une région, d’élargir leur influence ou leur négoce... Voire de changer de région. C'est ainsi que les Guyot, une famille alliée, provient de la banlieue ouest de Caen.

Il a bien été question d’un RAOULT de « Bretaigne » au début du 16ème siècle, mais ce témoignage est trop tardif et il pourrait même s'agir du retour d’un de ceux qui ont dû fuir le Nord-Cotentin à la demande Charles V, roi de France, à la fin du 14ème siècle...
De même, pourquoi ne s'agirait-il pas de Flamands arrivés au 12 ou 13ème siècle à Tourlaville ? 

Si nous nous écartons de Cherbourg, il y a eu différentes souches RAOULT en Manche et l'une s'est développée entre le centre Manche et l'ouest du Calvados. A l’origine, elle est de petite noblesse rurale et implantée de Vire à Saint-Lô, achetant des charges royales. Elle est proche des Seigneurs de MATIGNON et des GRIMALDI de Monaco.
Peut-être a-t'elle suivie sa
famille alliée : les MATIGNON, venue des Côtes d'Armor avec eux ?...
Ou bien est-elle arrivée bien avant, dès le rattachement de l'Avranchin et du Cotentin aux ducs de Bretagne, de 867 à 933 ?
Mais nous ne leur connaissons aucun lien avec Cherbourg et le Val de Saire.

Les études ADN sont à poursuivre pour affiner les conclusions que suggèrent les premiers résultats, toujours est-il que cette dernière hypothèse bretonne semble acquérir de plus en plus de crédibilité même pour les RAOULT du Val de Saire… Il n'y a rien de surprenant à cela. A l'époque des Unelles (les gaulois / celtes du Cotentin), il est attesté une agglomération à Urville-Nacqueville (à l'est de Cherbourg). Les fouilles ont mis à jour des amphores de vin italien, mais également des poteries du sud-ouest de l'Angleterre, attestant - entre 120 et 80 av. J.C. - la fréquence des échanges trans-Manche bien avant que les troupes de César partent conquérir une partie de l'Angleterre. Les échanges humains sont naturellement liés aux échanges commerciaux et la toponymie de la Manche et du Nord-Cotentin ne manque pas de rappeler plusieurs vagues de migrations bretonnes (insulaires ou continentales) vers le Cotentin. D'ailleurs les études ADN sur les restes humains de la nécropole d'Urville-Nacqueville, à l'âge du fer, démontrent une forte diversité génétique chez les femmes, mais aussi une proximité ADN avec/entre les populations celtes de Normandie et d'Angleterre. Plus, les formes des fondations des maisons, tendent à démontrer que cette implantation fut insulaire.
 

 

Blason jmr azur et argent 2